La récolte Artemisia annua
Télécharger en PDFRemarques importantes :
On peut espérer récolter jusqu’à 1,5 kg de feuilles et de tiges fraîches, soit environ 375 g sec par plante.
L’Artemisia annua repousse de plus belle après une coupe. Une étude au Bénin a démontré que l’étêtage (recépage) permet d’obtenir des plantes plus ramifiées et productives. Il a été prouvé au Sénégal qu’une coupe intermédiaire permet de récolter jusqu’à 2x plus de biomasse et est plus rentable qu’une seule coupe finale si la croissance des plantes le permet ! [1,2]
Les récoltes issues de recépages et coupes intermédiaires sont transformées et utilisées pour leurs vertus tout comme la récolte finale. En considérant la polythérapie que constitue la tisane d’Artemisia et selon nos retours du réseau, il ne semble pas y avoir de manquement d’efficacité avec les récoltes faites durant tout le stade d’élongation de la plante. Au Bénin, même la tisane récoltée 2 semaines après la transplantation est utilisée depuis 2016 pour soigner le paludisme avec succès. C’est lors des autres stades phénologiques que les constituants de la plante se modifient.
L’Artemisia annua est riche en principes actifs et est donc efficace lorsqu’elle est récoltée avant et pendant la production de fleurs. Les boutons floraux sont très petits, ronds et verts. Les fleurs sont très petites, jaunes et discrètes. Dès que les fleurs fanent et lors de la fructification, la teneur de la plante en molécules actives chute rapidement ! Elle ne doit alors plus être utilisée à des fins médicinales !
Les plantes qui fleurissent de manière précoce dû à un stress ou manque d’adaptation doivent être récoltées avant la fructification. Il est inutile de récolter leurs semences car c’est leur génétique qui leur empêche de bien pousser dans les conditions de culture locales. Leurs semences ne produiront donc pas une descendance adaptée et productive.
Laisser monter en fleurs les plantes les plus belles et productives afin de récolter leurs graines ! (Voir fiche Production de semences). Il faut donc les désigner avant la coupe finale et ne pas les récolter pour la production de tisane.
L’OMS déconseille absolument de récolter en saison de pluies car l’excès d’humidité favorise la fermentation microbienne et le développement de moisissures. [3]
La Maison de l’Artemisia recommande d’ajuster le calendrier cultural afin de récolter en saison sèche. (Voir fiche Premier essaii)
La récolte doit être effectuée dans les conditions les plus sèches possibles (idéalement en milieu de journée) et mise à sécher immédiatement. [3]
Toutes les règles d’hygiène doivent impérativement être respectées.
Recépage
Après 2 semaines en champs, lorsque les plantes atteignent entre 30 et 50 cm de haut, on pourra effectuer un recépage en coupant 5 à 10 cm. Cet étêtage permet d’obtenir des plantes plus ramifiées et productives. Cette récolte peut être utilisée pour ses vertus tout comme la récolte finale.
Coupe intermédiaire
Environ 2 mois après la transplantation, lorsque les plus grandes plantes du champ atteignent 1 m de haut.
NB : Cette hauteur est à titre indicatif. La hauteur des plantes d’Artemisia varie énormément au sein d’un même champ. Il ne faut pas attendre qu’elles aient toutes 1 m de haut pour les couper. Certaines ne feront que 80 ou 40 cm mais la hauteur des plus grandes plantes justifiera l’intérêt d’une récolte.
s’il y a beaucoup de poussière et de terre sur les plantes, les rincer le matin de la veille de la récolte en les arrosant abondamment à l’eau propre.
couper les plantes à 30 cm de hauteur à l’aide d’un sécateur nettoyé et séché.
ATTENTION à ne pas couper plus bas sinon l’Artemisia meurt !
Veiller à laisser du vert (partie non ligneuse) pour permettre à la plante de repousser.
aussi les branches du bas (qui vont jaunir rapidement).
Les branches basses sales sont une production de second choix à sécher et transformer à part à destination de l’usage vétérinaire (voir fiche Santé animale)
les feuilles jaunes qui se dessèchent ni les feuilles affectées par des bioagresseurs (champignons, ravageurs et autres maladies).
2 grosses poignées de compost autour du pied de la plante pour favoriser la reprise du développement après la coupe.
Cette pratique permet de doubler la production en saison sèche mais ne semble pas adaptée aux climats humides.
La coupe à 30 cm favorise alors l’entrée de maladies. Il est donc recommandé en climat humide de pratiquer un léger recépage en coupant uniquement les rameaux extérieurs afin de provoquer la ramification de la plante, induisant une plus grande production de biomasse.
Plusieurs coupes intermédiaires sont possibles avant la récolte finale si les plantes atteignent à nouveau une hauteur justifiant l’intérêt de leur coupe (1 m pour les plus hautes plantes du champs) et que le climat permet de garder la culture en champs 2 mois supplémentaires.
Récolte finale
Environ 5 à 6 mois après la transplantation, lors de la floraison OU avant la saison des pluies (pour un séchage optimal).
s'il y a beaucoup de poussière et de terre sur les plantes, les rincer le matin de la veille de la récolte en les arrosant abondamment à l’eau propre !
les plants à la base à l’aide d’une machette nettoyée et séchée.
les racines du champ car elles diminuent le rendement des prochaines cultures (de par leur effet allélopathique).
réduire de moitié l’arrosage après la floraison pour favoriser la production de semences germinatives.
NB : Les racines peuvent être compostés ou utilisées pour produire une teinture mère aidant à la digestion. Pour fabriquer cette teinture, nettoyer les racines à sec en utilisant une brosse métallique ou à chiendent. On peut aussi les laisser tremper dans l’eau pour retirer la terre et les brosser. Dans ce cas, bien les éponger après le lavage et avant de les mettre à sécher. Ensuite les faire macérer au moins 3 semaines dans l’alcool désiré.
On veillera à assurer qu’aucune matière étrangère, mauvaise herbe ou plante toxique n’est mélangée avec les matières végétales médicinales récoltées. Les matières récoltées qui sont endommagées ou décomposées devront être recherchée et éliminées pendant et après récolte afin d’éviter toute contamination microbienne et toute perte de qualité du produit. [3]
Les matières récoltées ne doivent pas être entassées sur le sol. Le contact avec le sol doit être évité pour réduire au minimum la charge microbienne des matières végétales médicinales récoltées. Si nécessaire, on pourra étendre sur le sol de grandes pièces de toile propre pour isoler la récolte. [3]
Elles devront être rassemblées dans des contenants tels que des sacs, paniers, brouettes ou remorques propres et secs. Il faut aussi éviter toute humidité résiduelle et contamination éventuelle par la terre ou autres matières. [3]
Le matériel, doit être rangé dans un endroit sec à l’abri des ravageurs, hors de portée du bétail et des animaux domestiques [3].
Il faut éviter tout dommage mécanique ou tassement des matières végétales médicinales brutes, résultant par exemple du remplissage excessif ou de l’empilement des sacs et susceptible d’entraîner une décomposition des matières ou toute autre perte de qualité. [3]
Références
Aménagement et Gestion des Forêts et Parcours Naturels (AGFPN), sous la direction de Dr. Ir. Oscar TEKA, Université d’Abomey-Calavi. 2016.
Disponible sur : https://valtramed.com/wp-content/uploads/2017/11/memoire%20Darling.pdf