En RDC, des ambassadeurs de l’Artemisia

Président de la Maison de l’Artemisia nationale de RDC, le Dr Nathan Bundutidi est médecin généraliste et chercheur en nutrition et santé intégrative à l’institut de recherche en sciences de la santé en RDC-antenne de Kisantu. Formé en physiologie intégrative et phytothérapie clinique, il exerce au centre de recherche en phytothérapie à Kisantu et soigne les patients en médecine allopathique et en médecine traditionnelle. Il est également promoteur du centre d’endobiogénie médecine préventive et intégrative Kongoterra. Ces derniers mois, il a formé à Kisantu des étudiants « ambassadeurs » de la Maison de l’Artemisia pour sensibiliser à l’Artemisia et lutter contre le paludisme.

Comment est née cette idée des « ambassadeurs » de l’Artemisia ? 

La Maison de l’Artemisia de Kisantu est installée dans un milieu très universitaire, avec de nombreuses facultés dont une faculté de médecine. Le rayonnement de la MdA a touché ce milieu. Beaucoup d’étudiants, notamment en médecine, ont expérimenté et mesuré les bienfaits de l’Artemisia en tisane pour prévenir et lutter contre le paludisme. L’initiative est partie d’eux. Ils sont venus vers nous et nous ont dit : « on veut devenir des ambassadeurs de la Maison de l’Artemisia ». Pour nous, cela a été un véritable déclic parce que ce sont de futurs médecins et de futurs cadres de santé qui vont être en lien avec de nombreux patients et un important réseau médical. Nous avons donc donné suite à cette initiative.

Comment s’est mis en place ce projet ?

J’ai formé un noyau d’ambassadeurs étudiants qui a ensuite sensibilisé d’autres étudiants. La formation dure sept jours. Elle comprend la vision, la mission et les valeurs de la Maison de l’Artemisia, les vertus et l’utilisation de l’Artemisia annua et afra dans la prévention et le traitement du paludisme avec une approche globale au centre du système One Health (une seule santé). Ces jeunes ambassadeurs sont aussi formés aux techniques de communication pour le changement des comportements en santé, sur l’entrepreneuriat médico-social et solidaire et sur notre approche des petites actions faisables et importante (PAFI) pour éradiquer le paludisme dans nos ménages.

Aujourd’hui, nous avons une quarantaine d’ambassadeurs qui sont ainsi des étudiants en médecine, de futurs cadres de santé, de futurs infirmiers et nutritionnistes, ou encore des jeunes qui font des études de communication. Le public est donc assez large.

Concrètement que font-ils ?

D’une part, ils font des sensibilisations dites « rapprochées » dans leur milieu estudiantin. De l’autre ils organisent des actions ciblées (dégustation de tisane, distribution de flyers et de tisane, suivi de la prise de tisane auprès de patients), lors de journées dédiées comme : la journée mondiale de lutte contre le paludisme le 25 avril ou de journées spéciales santé ou médecine traditionnelle. Ils sont, par exemple, présents dans les écoles et sensibilisent à l’Artemisia dans le cadre des programmes scolaires de prévention santé. Ils insistent auprès des élèves et des professeurs sur les trois piliers de lutte contre le paludisme : la prise de la tisane d’Artemisia en préventif et en curatif, l’assainissement intra et péri-domiciliaire et la mise en place de haies répulsives anti-moustiques avec de l’Artemisia et de la citronnelle. Nous sommes aussi invités et très bien acceptés dans les églises, sur les marchés, sur les parkings. Il est par ailleurs important de souligner qu’en plus des sensibilisations, certains étudiants sont prêts à travailler sur l’Artemisia dans le cadre de leur mémoire de fin d’études. C’est une perspective à long terme, très porteuse.

Ce modèle d’ambassadeurs est-il adaptable à d’autres Maisons de l’Artemisia, sur d’autres territoires ?

Nous avons commencé à répliquer ce modèle, notamment à Mbanza-Ngungu à côté de Kisantu. Et nous sommes dans une approche d’open source, pour partager notre expérience à tous ceux qui le souhaitent. Chaque MdA peut adapter ce concept d’ambassadeurs à son contexte. Nous avons des écoles et des universités mais chacun peut trouver son vivier sur place, en fonction de sa typologie sociale. Kisantu est un milieu particulièrement favorable à ce type d’initiatives et nous souhaitons en faire un modèle de référence à disposition du réseau.