En Afrique de l’Ouest, Emmanuel et Malo partagent graines et techniques entre les MDA !

Emmanuel et Malo sont deux étudiants d’AgroSup MontpellierEn septembre 2022, après un an de préparation, les deux amis plient bagage  pour réaliser leur projet : partir 9 mois, sillonner l’Afrique de l’Ouest àvélo, et butiner de Maison de l’Artemisia en Maison de l’Artemisia. Du Sénégal au Liberia, nos deux aventuriers ont semé, planté et partagé cette plante prometteuse au fil des semaines !

Partis de Montpellier à vélo, les deux jeunes agronomes pédalent jusqu’à Sète, puis prennent le bateau jusqu’à Nador, au Maroc avant de remonter en selle pour Ouarzazate, 800 kilomètres plus au sud. Sur la route, le genou de Malo se bloque et les deux amis poursuivent à pied. C’est un mal pour un bien, ils le réalisent plus tard : «Marcher et prendre les transports en commun nous a permis d’être plus dans la rencontre et dans le contact avec les personnes ». Un drôle de coup de pouce du destin qui leur facilitera plus tard l’échange avec les différentes Maisons de l’Artemisia.


La rencontre avec leur première Maison de l’Artemisia arrive en Mauritanie. Malo et Emmanuel sont hébergés une semaine au sein de la Maison de l’Artemisia de Tekane, à deux pas de la frontière sénégalaise. Après avoir rencontré les notables du village, ils ne perdent pas de temps : récolte de l’Artemisia aux champs, atelier de bouturage et don de plants à la communauté sont organisés. Les techniques locales leurs sont peu familières mais ils s’adaptent avec souplesse. Les échanges sont riches avec les membres de cette Maison de l’Artemisia, et marquent les deux jeunes : les discussions au champ transmettent savoir technique, camaraderie et sourire.

Dans la région, c’est surtout la Bilharziose qui pose problème. La Maison de l’Artemisia de Tekane est bien seule pour lutter contre la maladie, face à l’énorme besoin en Artemisia du secteur. Malo et Emmanuel poursuivent leur itinérance en mobilisant sur leur passage :

“Finalement, c’est là où les gens ne connaissent pas encore cette plante et ses bienfaits qu’on se sent les plus utiles“.

Livraison de graines à pied, du Sénégal à la Guinée

Arrivés au Sénégal en décembre, Malo et Emmanuel décident d’y rester un mois. Malo et Emmanuel présentent le réseau des Maison de l’Artemisia auprès de différents publics. Ils rencontrent à Thiès de nombreuses personnes intéressées par leur mission :  Des étudiants en agronomie les reçoivent au sein de leur école ; les membres de l’association de développement local ENDA les contactent, puis sont mis en relation avec la Maison de l’Artemisia de Thiès.  De la même manière, les détenus de la prison locale ont pu en apprendre plus sur l’Artemisia et son usage, pour améliorer leurs conditions de détention.  Avant leur départ, de précieuses semences d’Artemisia annua sont confiées aux deux jeunes voyageurs, destinées aux futures Maisons de l’Artemisia qui seront rencontrées sur leur chemin.

Ce n’est que le 11 janvier que les deux étudiants passent la frontière de la Guinée à pied et sont accueillis par un dispensaire de brousse. Le personnel médical se montre très intéressé : 

« Nous avons mis en place une pépinière avec eux qui a très bien fonctionné, ils nous envoient encore des photos de semis qui poussent ! »

De Labé à Nzérékoré, mobilisation importante en Guinée forestière

C’est à Labé, au nord de la Guinée, que la mobilisation autour de l’Artemisia fonctionne le mieux : Les jeunes garçons rassemblent 6 ONG œuvrant localement pour fonder la Maison de l’Artemisia de Labé. 40 personnes sont formées, et les semences ramenées du Sénégal sont semées avec succès ! Emmanuel est marqué par ce moment : 

« Voir les gens s’approprier la plante, trouver des idées entre eux, déterminer les rôles de chacun autour de l’Artemisia ça donne vraiment confiance ! »

 De Labé, Malo et Emmanuel se rendent à l’école d’Agroforesterie de Mamou, prête à lancer une production d’Artemisia. Après ConakryKindia et Dabola où ils forment volontaires, écoliers, notables et agriculteurs, c’est à Nzérékoré que les deux étudiants retrouvent une mobilisation et un intérêt remarquable : 

« Au bout de trois heures d’échange entre une soixantaine d’agriculteurs, des idées formidables ont émergées : créer un groupement d’agriculteurs autour de l’Artemisia, ou acheter un broyeur en commun ! » 

Cette réunion a été un exemple d’appropriation des enjeux de l’Artemisia par une communauté, selon Malo.

Passage à Daloa avant de pédaler pour le Libéria

En Côte d’Ivoire, La Maison de l’Artemisia de Daloa, dans le centre-ouest du pays est une association qui vend l’Artemisia produite par des agriculteurs locaux. La structure connaît un problème d’écoulement de son stock de tisane depuis la fin de la crise de COVID. Pour accélérer les ventes et remettre en contact la Maison De l’Artemisia avec les habitants, Malo et Emmanuel organisent une journée de sensibilisation et d’échange au marché.

Les deux étudiants échangent particulièrement avec la Maison de l’Artemisia de Daloa :

 « C’est intéressant de pouvoir comparer les techniques et les méthodes de chaque maison. Au fur et à mesure du voyage, ces discussions nous apprennent des choses sur l’Artemisia, et quand on en reparle, ça donne des idées aux personnes rencontrées  ! »

Curieux, Emmanuel et Malo apprennent volontiers de ceux qui veulent bien leur enseigner et affinent leurs connaissances sur l’Artemisia au fil des conversations et des pays traversés.

Après ce passage fructueux en Côte d’Ivoire, Emmanuel et Malo se préparent à partir pour le Libéria, départ programmé le 25 mars. Il ne leur manque qu’une chose : des vélos ! Eh oui, Malo et Emmanuel se remettent en selle, pour les quelques 300 kilomètres qui le séparent du Libéria. Si leurs genoux tiennent, ils pédaleront même jusqu’en Sierra Leone.

Pour un retour en France prévu en juin, Emmanuel et Malo feront le chemin inverse et recroiseront chacune des Maison de l’Artemisia visitée à l’allée. Les semis réalisés auront poussé, été plantés, et seront peut-être même prêts à soigner. Leurs sac à dos seront lourds du savoir recueilli au fil des mois quand ils prendront le bateau pour revenir en France…